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Henri Meschonnic
Au commencement était la lettre.
1988

Au commencement était la lettre. Des lettres qui se côtoyaient comme des livres dans une bibliothèque. Puis elles se sont mêlées l’une à l’autre. L’écriture est devenue une désécriture. Le discontinu est redevenu du continu. Des formes ouvrent sur de l’inconnu. Donnent des petits noms à l’invisible. S’épanouissent en du jamais vu.

Catherine Zask invente des formes. Trace des rythmes. C’est pourquoi l’encre, le noir est sa matière de travail. Elle en extrait des transparences, des éclatements, des resserrements qui échappent à tous les pièges. Ceux du figuratif et de l’illustration, ceux de l’abstrait et du décoratif. Tantôt par le subtil et une réinvention de l’humour. Tantôt par la force. Chaque expérience est une surprise. On n’en verra ici que quelques exemples.

Ce ne sont pas des rêves d’encre sur le mode surréaliste. Où le regard se perdait dans des brumes de formes. Dans l’informe. Ici au contraire les traits, les masses, les pleins et les vides ont une fantaisie qui se grise d’elle-même. Sont une joie de vivre rendue visible.

On reconnaît que les formes sont neuves à ceci, qu’elles accroissent la difficulté de parler du visuel. Chez Catherine Zask, l’imprévu paraît si naturel qu’on oublie qu’il est la trouvaille d’un travail incessant, mêlant plusieurs métiers et techniques, qui à leur tour créent leurs outils.
Et comme toujours, inventer de nouvelles choses à voir, c’est déjà inventer une nouvelle manière de voir.



Henri Meschonnic
une artiste de la lettre
Nikkei Design, Japon, 1990

Catherine Zask est une artiste de la lettre. C’est le même professionnalisme, dans ses travaux de commande et dans sa création personnelle. L’invention mène constamment sa main.

Les images de marque qu’elle a conçues : celle de l’Université de Franche-Comté (elle y est responsable de la communication visuelle depuis 1986), celles du Groupe Ma et de Ris & Danceries (compagnies de danse), sa carte de vœux pour les Télécommunications, le dossier de presse Citroën, ou la calligraphie des Trois Suisses… Il suffit de les regarder pour voir que c’est chez elle un seul et même accompagnement personnel, de l’idée à la vision, du langage à l’image. Elle part de sa compréhension de ce qu’il y a à dire, et l’image le communique d’autant mieux qu’elle y a mis l’intuition la plus subjective.

Autant de réalisations, autant d’univers typographiques, qui supposent toute la cohérence d’un principe rédactionnel, son efficacité, son effet social. Et une indispensable relation de confiance, une collaboration construite avec les demandeurs. Ses clients ne s’y trompent pas, et l’impact de son œuvre est déjà international : des publications au Japon et aux États- Unis, un enseignement à l’école de Communication Visuelle de Paris, des interventions à l’école Supérieure d’Arts Graphiques (ESAG) pour la School of Visual Arts de New York.

Rien mieux que la rigueur, et l’exigence que montre Catherine Zask, pour faire que cette chose si galvaudée qu’on nomme la communication visuelle, devienne, comme chez les grands, ce qui entraîne et déborde toutes les stratégies : un art.